Révélation à l’Aube : Une Vision d’Évangile Syriaque des Myrrhophores et du Christ Ressuscité

Miniature D'Un Évangile Syriaque (C. 1219-20) Montrant Myrrhophores, Ange, Et Christ Avec Marie Madeleine.
Enluminure D&Rsquo;Un Évangile Syriaque (C. 1219-20, Biblioteca Apostolica Vaticana) : À Gauche, Les Myrrhophores Au Tombeau Avec Un Ange. À Droite, Le Christ Apparaît À Marie Madeleine.

Cette remarquable miniature provenant d’un manuscrit de l’Évangile Syriaque dont on peut dater la création dans le premier tiers du XIIIe siècle et qui est aujourd’hui conservé à la Biblioteca Apostolica Vaticana à Rome, offre un récit visuel puissant et tout autant évangélique de deux moments cruciaux suivant la Passion du Christ, à savoir la rencontre des femmes Myrrhophores avec le tombeau vide et d’une apparition du Christ ressuscité à Marie Madeleine. Dans le contexte de l’art chrétien, cette miniaturiste – qui a su tout au moins suivre avec une certaine habileté le schéma narratif de ces deux récits donnés par l’Évangile de Marc (16, 1-7) et l’Évangile de Jean (20,1-18) – constituait une véritable sermon en images. Bien que stylisées, les figures baignent dans une forte aura de spiritualité, une caractéristique très présente dans les récits similaires de l’art du Moyen Âge (Parshall).

La Veillée à l’Aube : Représentations Syriaques des Femmes Myrrhophores au Sépulcre du Christ

La gauche de la miniature complexe nous plonge dans un drame sonel des Myrrhophores. À gauche, trois figures féminines, probablement Marie Madeleine, Marie mère de Jacques et Salomé, sont représentées prenant la direction du tombeau, portant des aromates et des parfums qui devaient servir, la maladie de la mort en étant à l’empathie, la préparer Olfacto : les Myrrhophores, pionnières des rites funéraires du Christ. Leur démarche, respectueuse, transmet tout de même un mélange de chagrin et d’anticipation, avec ce que l’on pourrait appeler un peu de peur (la mort, quoi) à l’idée de devoir s’approcher encore plus près du mort. Je ne fait pas un drame personnel ici, je vous assure, c’est un peu ce qui se passe dans la tête des Myrrhophores lorsqu’on les peint ou lorsqu’on les sculpte. Au centre de la scène, ce qui capte immédiatement le regard c’est l’ange, probablement le même de l’Annonciation bleu qui a été sculpté pour Ésocketus, est ici couvert d’une livrée blanche. Il est assis sur la pierre, qui est alors roulée. Sa forme sereine et lumineuse tranche sur le grandeur nature des femmes qui se dirigent vers le sépulcre avec un parfum de féminin (Je ne parle pas de odeur, mais bien d’une atmosphère, d’un sens de l’espace et d’un geste très Gestes de Myrrhophores).

Les Myrrhophores Avec Des Aromates Au Tombeau Du Christ, Manuscrit De L'Évangile Syriaque, Détail Du Panneau Gauche.
Détail De L&Rsquo;Évangile Syriaque : Les Femmes Myrrhophores Portant Leurs Aromates ; Leurs Expressions Transmettent Chagrin Et Anticipation Avant La Révélation De La Résurrection.

« Noli Me Tangere » : Le Seigneur Ressuscité, Marie Madeleine et les Gardes dans l’Art Manuscrit Syriaque

En passant au côté droit de la miniature, le récit atteint son apogée émotionnelle et théologique avec l’apparition du Christ Ressuscité à Marie Madeleine. Le Christ est dépeint debout, une figure imposante et digne, Sa nature divine accentuée par un halo, alors qu’Il se tourne vers Marie Madeleine, qui est représentée dans une posture de profonde admiration et de vénération. Le geste du Christ, souvent interprété comme le « Noli me tangere » (« Ne me touche pas »), imprègne la scène d’une profonde couche théologique, signifiant la nouvelle relation spirituelle transformée entre le Seigneur Ressuscité et Ses disciples. Marie Madeleine, identifiable par son maphorion rouge traditionnel – une couleur symbolisant souvent une foi vibrante et un amour ardent – se dresse comme le principal témoin de la Résurrection. Sous cette rencontre poignante, les figures de deux gardes sont visibles, assis ou tombés au sol, dans un état de choc, de sommeil ou de désarroi total, totalement incapables de comprendre l’événement surnaturel qui se déroule devant eux. Leur présence souligne de façon dramatique l’impuissance du pouvoir temporel face à l’intervention divine. Leurs boucliers en forme de cerf-volant, assez pointus, ajoutent un détail historique intéressant, une caractéristique également relevée par Thomas Mathews et Avedis Krikor Sanjian dans leur étude sur les traditions manuscrites apparentées (Mathews et Sanjian). L’ensemble de la composition irradie un sentiment palpable de triomphe et d’espoir, alors que la lumière de la Résurrection dissipe définitivement les ténèbres du tombeau.

Rencontrer de telles miniatures est toujours une expérience profonde pour moi. Je ne peux m’empêcher de m’émerveiller devant le dévouement et la pure virtuosité artistique nécessaires pour créer ces œuvres complexes, souvent dans des circonstances qui devaient être difficiles. Chaque détail infime, du délicat coup de pinceau qui forme une expression faciale au choix soigneusement réfléchi des pigments, contribue à une histoire plus vaste, transmettant des messages complexes de foi, de tradition et de mystère divin. Les figures vives, les couleurs riches et symboliques, et les arrangements compositionnels dynamiques trouvés dans cet Évangile Syriaque ne sont pas de simples fioritures décoratives ; ce sont de puissants vecteurs de signification théologique profonde. La franchise de la représentation, une caractéristique souvent associée à l’art syriaque, rend ces figures sacrées accessibles, presque familières, à l’observateur dévot. C’est comme si les artistes cherchaient consciemment à combler le fossé entre le divin et l’humain, le transcendant et le quotidien. La subtilité dans le rendu des traits, les expressions nuancées sur les visages, et même les plis soigneusement délimités des draperies, tout concourt à créer un puissant sentiment d’intensité spirituelle et de vie vibrante.

Épilogue

La miniature de l’Évangile Syriaque de c. 1219-1220, avec sa représentation saisissante des Myrrhophores au Tombeau et de l’apparition du Christ à Marie Madeleine, constitue un exemple inestimable du riche héritage artistique chrétien d’Orient. À travers son langage visuel concis mais profondément expressif, cette enluminure transmet magistralement la profondeur théologique et l’intensité émotionnelle des événements de la Résurrection. Elle sert de rappel intemporel du pouvoir unique de l’art d’agir comme un conduit entre le visible et l’invisible, l’historique et le transcendant. L’étude de telles œuvres, y compris celles issues de traditions comme l’Iconographie des Évangiles Arméniens, nous permet d’acquérir une appréciation plus profonde non seulement de l’évolution de l’iconographie religieuse, mais aussi des préoccupations spirituelles profondes des personnes qui ont créé et vénéré ces images (Mathews et Sanjian). Ces œuvres d’art possèdent une pertinence durable, continuant d’inspirer l’admiration et la contemplation à travers les siècles, parlant aux principes fondamentaux de la foi à travers un langage visuel qui demeure remarquablement puissant.

Questions Fréquentes

Que représente la miniature de l’Évangile Syriaque ?

Cette enluminure de l’Évangile Syriaque du début du XIIIe siècle dépeint deux scènes cruciales post-Résurrection : les femmes Myrrhophores arrivant au tombeau vide du Christ où elles trouvent un ange et, par la suite, le Christ Ressuscité apparaissant à Marie Madeleine. Ces scènes de l’Évangile Syriaque sont fondamentales dans les récits chrétiens de la résurrection.

Qui sont les Myrrhophores et quelle est leur signification dans cette enluminure syriaque ?

Les Myrrhophores sont les femmes disciples qui, selon les Évangiles, se sont rendues au tombeau de Jésus le matin de Pâques pour oindre son corps de myrrhe et d’aromates. Dans cette enluminure syriaque, leur découverte du tombeau vide et le message angélique les désignent comme les premiers témoins de la Résurrection, un rôle central dans la tradition chrétienne.

Quelles influences artistiques sont évidentes dans cette miniature de l’Évangile Syriaque des Myrrhophores ?

Bien que cette miniature de l’Évangile Syriaque des Myrrhophores et de l’apparition du Christ à Madeleine présente clairement des caractéristiques des traditions artistiques syriaques locales, telles que ses figures expressives et sa clarté narrative, elle montre également des influences discernables de l’art byzantin contemporain, en particulier dans l’iconographie établie pour ces scènes de la Résurrection.

Pourquoi l’apparition du Christ à Marie Madeleine est-elle une scène significative dans l’art chrétien comme cet Évangile Syriaque ?

L’apparition du Christ à Marie Madeleine, vivement capturée dans cet Évangile Syriaque, est profondément significative car elle fut la première personne à voir le Seigneur Ressuscité. Sa mission de porter ensuite cette nouvelle aux autres disciples lui vaut souvent le titre d' »apôtre des apôtres », soulignant son rôle crucial dans le récit de la Résurrection.

Comment les gardes du tombeau sont-ils dépeints dans cette enluminure de l’Évangile Syriaque et que cela symbolise-t-il ?

Dans cette enluminure de l’Évangile Syriaque, les gardes du tombeau du Christ sont représentés endormis ou saisis de stupeur, comme on le voit également dans la seconde image fournie les montrant en bas. Cette représentation des soldats au tombeau du Christ symbolise l’incapacité du pouvoir terrestre et de la vigilance à empêcher l’acte divin de la Résurrection, soulignant le triomphe du spirituel sur le mondain.

Bibliographie

  • Mathews, Thomas F., et Avedis Krikor Sanjian. Armenian Gospel Iconography: The Tradition of the Glajor Gospel. Dumbarton Oaks, 1991.
  • Parshall, B. (éd.). A Companion to Byzantine Illustrated Manuscripts. Brill, 2017.
  • Xyngopoulos, A. L’art byzantin du XIIIe siècle. Référencé dans Archaiologikon deltion: Meletes. Meros A – Tome 34, 1986 (p. 10), citant sa contribution à Art Byzantin, Art Européen, Athènes, 1964.